Lointains souvenirs des « Arbres de Noël » des écoles de Bourrienne et Bel-Air
Dans notre scolarité, au cours des années 50-60, le 1er trimestre se clôturait dans la salle paroissiale avec le traditionnel « Arbre de Noël ».
Chaque classe des 2 écoles libres, montait sur les planches pour ravir parents et amis par des chants, danses ou pastorales.
Quand on se rapprochait du grand jour, les dernières répétitions se faisaient sur place ! Les maîtresses peaufinaient les mises en scène, dans ce magnifique décor de verte forêt !
Il régnait sur cette scène une température glaciale !
Quand arrivait la représentation, le dimanche précédant Noël, les artistes d’un jour, de l’école des filles, se rassemblaient tout d’abord, au rez-de-chaussée de la salle paroissiale, pour endosser les costumes ou autres déguisements et recevoir les dernières consignes.
Tellement concentrées sur l’évènement, on en oubliait le froid de ces grandes salles où le béton avait toute la place. Dans celle du fond, la plus vaste, une exception ! Un escalier en bois, bien à pic et à claire voie, donnait accès direct aux coulisses du théâtre. De le monter n’était pas le plus difficile, le descendre était une véritable épreuve !
Chaque année, la forêt de la Bourdonnaye, sacrifiait un superbe sapin qui, décoré avec soin par des dames du bourg , trônait à droite de la scène, dans la « fosse d’orchestre » ! Devant « le roi des forêts », au premier rang, prenaient place Monsieur le Doyen de Carentoir, Madame la Marquise de la Bourdonnaye et autres Carentoriens, tous intéressés à la bonne marche de nos écoles libres.
Nos parents spectateurs, occupaient quant à eux, les trois quarts de la salle, derrière les quelques rangs réservés aux élèves, selon la règle suivante : Garçons à droite et filles à gauche !
Entre chaque scénette du programme, il régnait dans la salle, un brouhaha d’enfants surexcités, gesticulant sur les sièges basculants très bruyants et d’un inconfort mémorable à cette époque !
Les religieuses s’investissaient beaucoup pour ce spectacle de fin d’année. L’excellence de Sœur Hervé se retrouvait dans le choix des prestations de l’école des filles !
Quand chaque classe était passée sur scène et que tous les écoliers étaient de retour dans la salle, Monsieur le Doyen prenait la parole pour le petit compliment d’usage ! Mais déjà, chacun de nous lorgnait les oranges etsachets de chocolats, bien en évidence dans la « fosse d’orchestre ». Le discours achevé, l’heure était venue de lancer le tourne-disque sur le traditionnel « Mon beau sapin » que nous entonnions en cœur, avant de recevoir, dans un joyeux tintamarre, nos précieuses friandises.
La salle paroissiale n’avait pas le temps de « refroidir » car quelques jours après les écoles, des acteurs, d’une autregénération, l’investissaient pour y jouer la traditionnelle pièce théâtrale du 24 décembre, sous la houlette de l’Abbé Allain.
Quand les acteurs de Carentoir animaient les « 24 décembre »
À Carentoir, la magie de Noël se concrétisait également, par ce rendez-vous du 24 décembre dans notre théâtre ! Quand les trois coups retentissaient et que le rideau rouge s’ouvrait en grinçant, on oubliait tout, y compris l’inconfort de l’assise et les maigres degrés de la salle !
Ce soir-là, le décor de verte forêt, n’était plus d’actualité ! Dès le premier acte, nous nous retrouvions face au salon d’un intérieur bourgeois et ses trois portes, d’où entraient et sortaient, tour à tour, nos acteurs ! Nous autres, enfants et adolescents, étions en admiration devant nos aînés ! C’était pur bonheur, de les voir si près de nous, évoluer ainsi sur la scène, maîtriser ces longues tirades et tellement séduisants dans leurs costumes d’un autre temps !
Au retour, les personnages, leurs intrigues étaient encore dans nos têtes et il n’était pas rare de repartir le lendemain pour la seconde séance que nos acteurs rejouaient l’après-midi de Noël.
La troupe théâtrale de Carentoir de la fin des années 50 au début 60, était reconnue dans notre canton ! L’exigence de l’Abbé Allain sur le choix des pièces, de l’attribution des rôles, de la mise en scène, tout en amenant chaque acteur à donner le meilleur de lui-même, contribua à la renommée acquise au fil des ans.
Quand les spectateurs ravis, quittaient la salle paroissiale, déjà, le clocher de l’église Saint Marcoul lançait son carillon des jours de fête et appelait à la messe de nuit.
Hélas, mariages, naissances, départs de nos acteurs, eurent raison de ces rendez-vous de fin d’année au milieu des années 60.
Certains d’entre eux, restés au pays et des plus jeunes, qui se montrèrent aussi talentueux, firent vibrer à nouveau les planches de notre théâtre, vers la fin des années 80. (Retrouvez plus de détails dans l’article “Salle Paroissiale”).
Pour la petite histoire : Le 24 décembre 1961, le verglas vint surprendre les spectateurs à la fin de la soirée ! Plus de 60 ans après, on en parleencore, mais aucun rapport n’est disponible sur le nombre de fâcheuses descentes d’escaliers et des glissades qui s’ensuivirent !