Ce soir-là, le vert décor de forêt, n’était plus d’actualité ! Dès le premier acte, nous retrouvions le clair décor d’un intérieur bourgeois et ses trois portes, d’où entraient et sortaient, tour à tour, nos acteurs ! Nous autres, enfants et adolescents, étions en admiration devant nos aînés ! De les voir si près de nous évoluer ainsi sur la scène, maîtriser ces longues tirades et tellement séduisants dans leurs costumes d’un autre temps !
Au retour, les personnages, leurs intrigues étaient encore dans nos têtes et il n’était pas rare de repartir le lendemain pour la seconde séance !
Le 24 décembre 1961, le verglas vint surprendre les spectateurs à la fin de la soirée ! 60 ans après, on en parle encore, mais aucun rapport n’est disponible sur le nombre des malheureuses glissades qui s’ensuivirent !
La troupe théâtrale de Carentoir de la fin des années 50 début 60, était reconnue dans notre canton ! L’exigence de l’Abbé Allain sur le choix des pièces, de l’attribution des rôles, de la mise en scène, tout en amenant chaque acteur à donner le meilleur de lui-même, contribua à la renommée acquise au fil des ans.
Hélas, mariages, naissances, départs de nos acteurs, eurent raison de ces rendez-vous de fin d’année au milieu des années 60.
Petit retour en arrière dans les années 50 ! Notre salle paroissiale, accueillit également les mémorables « Coupes de la joie » à l‘initiative de la JAC ***!
La jeunesse du « Doyenné de Carentoir » donnait le spectacle ; chaque paroisse préparant son programme.
L’une de ces paroisses fut particulièrement appréciée, quand retentit dans la salle, la célèbre valse « Le beau Danube bleu » ! Le rideau s’ouvrit sur les filles de Saint Martin, en vaporeuse tenue de tulle bleu, évoluant sur la plus jolie des Valses de Vienne. Hélas, en cette période où la danse enlacée n’enthousiasmait guère notre clergé, aucun galant Martinais, n’apparut, pour faire virevolter nos gracieuses demoiselles !
Nos jeunes Carentoriens ne donnèrent pas dans le même registre ! Certains de nous ont peut-être encore en mémoire cette chanson humoristique, « Les 3 bandits de Napoli », qu’ils mirent en scène !
Dédé Hervé, interpréta avec brio, l’un de ces malfrats…bien sympathiques !
C’était cela les petits bonheurs de notre enfance puis de notre jeunesse dans le Pays Gallo.
A noter également que vers 1955-1956, des troupes itinérantes se produisirent aussi sur cette même scène. Les représentations avaient lieu le dimanche soir. Des mélodrames populaires de la fin du 19ème étaient au programme : « La porteuse de pain » et « Les deux orphelines ».
Chantal Leblanc, fillette à l’époque, fut sollicitée pour de la figuration au cours d’une de ces représentations. Ces soirs-là, on ne faisait pas salle comble !
Sans les avoir vécues, il nous faut pour terminer, citer les animations de l’avant puis de l’après-guerre 39-45, où des Carentoriens furent remarquables dans leurs prestations théâtrales aux thèmes divers et variés tels que faits historiques, humour, énigmes avec quelques effets spéciaux pour le plaisir des spectateurs…
Encore aujourd‘hui, nos aînés Carentoriens octogénaires, font l’éloge de ces acteurs amateurs !
De leur côté, les jeunes filles montèrent également sur les planches à la fin des années 20 et le début des années 30 !
Notons que pour la mixité des spectacles, dans nos patronages, il fallut attendre la fin des années 50 !
Enfin, peu après la guerre 39-45, la salle paroissiale accueillit aussi le grand écran et la projection hebdomadaire de films « grand public ». Les bandes étaient livrées sur des grandes galettes d’aluminium acheminées de Rennes par l’autobus Plantard. Monsieur André Chastagner, électricien de l’époque en fut le promoteur et le projectionniste.
Monsieur le Chanoine Bruneau qui officiait à Carentoir à cette époque, avait droit de regard sur les films projetés. Cet épisode cinématographique s’acheva vers 1954.
Un évènement dramatique en France, entraîna la fermeture de notre salle de spectacles pendant quelques années : Après le terrible incendie d’une discothèque à St Laurent du Pont, le 1 novembre 1970 où 146 jeunes périrent dans les flammes, tout établissement recevant du public, dut fermer ses portes et engager les travaux qu’exigeaient les nouvelles normes de sécurité.
Il fallut patienter quelques années pour atteindre financièrement l’objectif…
Pour y parvenir, une association fut créée à l’initiative de Monsieur Julien Bayon, Carentorien d’origine. Ce dernier prit en mains le « dossier salle paroissiale » et chemin faisant, l’édifice put rouvrir ses portes !
La jeunesse de Carentoir n’attendait que cela pour renouer avec le théâtre, à la fin des années 80. On retrouva également sur les planches, quelques acteurs de la première heure !
Ce fut alors Monsieur Bernard Chesnais qui dirigea la nouvelle troupe et en fut également acteur. Quelques années après, Madame Chantal Becquet, elle-même actrice, prenait le relais de Monsieur Chesnais.
À cette période, il y eut un engouement général du théâtre amateur dans notre région, ce qui contribua à l‘animation très appréciée des débuts d‘années.
(Notons au passage que l’établissement le Champ’Bord, inauguré en avril 1971, répondait à toutes les normes de sécurité. Il prit donc le relais de la salle interdite, tout au long des années 70 et accueillit les Arbres de Noël des enfants des écoles jusqu’à l’ouverture de la salle du Bois-Vert en 1983)