L'école de la haute-bouexiere

   De nos jours, la présence de cette école perdue en pleine campagne intrigue les gens de passage. Le fait qu’elle soit bâtie dans un village où la seule maison est un presbytère semble encore plus inattendu. A toutes ces interrogations, un membre de la famille de la Bourdonnaye a bien voulu nous éclairer :

    » Ma grand mère me racontait que l’école avait été construite par mon arrière grand-mère, qui avait fait le voeu, si son mari revenait de la première guerre mondiale, d’ériger un calvaire en remerciement. Mais voyant le besoin d’instruction des enfants des hameaux autour de la Bourdonnaye, elle préféra remercier Dieu d’avoir sauvegarder son époux, en faisant construire une école pour les enfants qui auparavant devaient faire de nombreux kilomètres à pied pour rejoindre l’école de Carentoir ».

    L’école ouvrit ses portes en 1928. L’imposant bâtiment regroupait une classe, une salle qui servait de dispensaire et de cantine ainsi que les appartements des religieuses.

   La famille de la Bourdonnaye confia la direction de l’école à la Congrégation des Soeurs de St Jacut. Celle-ci y nomma trois soeurs : une institutrice, une infirmière et une dernière pour l’intendance. 

   L’école était mixte et pouvait accueillir une quarantaine d’enfants des hameaux environnants et même des communes voisines comme Tréal ou Réminiac. La soeur institutrice avait en charge des enfants du CP au certificat d’études; tâche ardue qu’elle maîtrisait avec beaucoup de fermeté et de discipline.

   Le midi, les enfants les plus éloignés restaient à la cantine où une soupe était servie par la soeur qui s’occupait de l’intendance. Souvent les parents fournissaient les légumes pour la faire.

  A la récréation, sans doute pour mieux canaliser les enfants, la cour était séparée en deux : une pour les garçons et l’autre pour les filles.

  Tous les ans, à l’occasion de la Sainte Elisabeth, l’école organisait une petite fête en l’honneur de la Marquise (dont le prénom était Elisabeth) pour la remercier. Les enfants donnaient le meilleur d’eux-mêmes en interprétant des chants, des poèmes, des saynètes ou des danses.

 

   Durant toutes ces années, plusieurs soeurs se sont succédées dans cette école : Sr Dagorne, Sr Odile, Sr Scholastique… Parmi elles, quelques personnes se souviennent encore de la soeur infirmière qui sillonnait la campagne par tous les temps pour aller soigner les malades.

   Les deux dernières années, des institutrices laïques prirent le relais des religieuses, puis l’école ferma définitivement en 1964.