le remembrement

LE REMEMBREMENT

 

 Dans les années 60, de nombreuses communes de la région se sont lancées dans des opérations de remembrement. Le but était de regrouper des parcelles dispersées pour en créer de plus vastes et plus accessibles, opération jugée indispensable au nom de la mécanisation et de la productivité.

 Tous ces travaux furent encouragés par le gouvernement et largement subventionnés.

 

LE REMEMBREMENT  A  CARENTOIR

 

LES  PREMIÈRES DÉMARCHES

   Dans les années 50, 60 marquées par un exode rural important, un certain nombre d’agriculteurs aspiraient au changement. Malheureusement, la petite superficie des fermes (5 à 10 ha) et le morcellement des parcelles étaient un obstacle quasi infranchissable.

  Dès 1954, le conseil municipal présidé par le  maire Mr Piguel, conscient de cette situation, alerta l’ingénieur en chef des services du Génie Rural pour demander le remembrement des terres. Suite à  cette demande, celui-ci préconisa d’organiser un référendum auprès de la population.

  Ce référendum organisé par le syndicat des exploitants agricoles de Carentoir en 1960 donna un résultat positif puisqu’il obtint 85% de oui.

  Le 5 novembre 1961, le conseil municipal adopta le remembrement. Mais il fallut encore de nombreuses discussions et interventions auprès des services compétents (Préfecture, Génie Rural…) pour que le projet soit accepté.

 

  Dans sa séance du 26 mai 1963, le conseil municipal prit une nouvelle délibération : 

Considérant les promesses formelles maintes fois répétées par les services du Génie Rural, particulièrement à une délégation composée du Maire et de ses trois adjoints en novembre 1963, promesses basées sur les résultats du référendum de 1960 le conseil municipal

LES PRÉPARATIFS    

 En 1965, une commission communale d’aménagement foncier présidée par un commissaire enquêteur désigné par la Préfecture, fut mise en place. 

  En faisaient partie :

– Le maire, Mr Menant, un conseiller municipal ainsi que deux conseillers suppléants;

– Des représentants des exploitants agricoles et des propriétaires de biens fonciers sur la  commune

– Deux fonctionnaires désignés par le président du  conseil départemental;

– Un délégué du directeur départemental des services publics;

– Un représentant du président du conseil départemental;

 

  Les géomètres, en l’occurence Mrs Fortier, Cortel et Pelleray, assistaient obligatoirement à toutes les séances de travail; leur mission étant de coordonner les travaux et de conseiller les représentants de la commission. Par contre, ils n’avaient aucun pouvoir de décision.

 

   Cette commission avait plusieurs missions

– Définir le périmètre du remembrement

– Etablir  le classement des terres

– Rechercher  les propriétaires

– Elaborer un  nouveau parcellaire 

– préparer un avant projet

– Procéder à une enquête publique

 

  Comme dans toutes communes, cette procédure allait s’avérer très longue et s’étaler sur plusieurs années.

  Le classement des terres fut effectué par les géomètres en liaison avec les propriétaires;  opération délicate qui ne se fit pas sans heurts et discussions acharnées; chaque propriétaire veillant à ne pas être lésé.

 

   Ce travail terminé, un plan parcellaire fut établi et proposé à la commission communale. Celle-ci soumit cet avant projet aux propriétaires fonciers et dut examiner les nombreuses réclamations.

 

 LA RÉALISATION 

  Après une dizaine d’années de préparation, les travaux purent enfin commencer. Ce fut le branlement de combat dans la campagne. De nombreux propriétaires, de  crainte de ne plus avoir de bois de chauffage, s’empressèrent d’abattre leurs arbres. Puis les bulldozers de l’entreprise Lemée entrèrent en action. Talus, fossés, chemins creux, haies, arbres et arbustes disparurent en peu de temps  sous les coups de boutoirs des machines. Le bocage laissa place à de grandes étendues sans âme. Pour certains habitants, ce fut un traumatisme. Leur revinrent en mémoire les bons moments passés dans cette campagne luxuriante où l’on aimait se promener, garder les vaches durant son enfance, se perdre dans un labyrinthe de petits chemins. D’autres, conscients de perdre tout un pan de leur histoire, se voulaient plus réalistes et envisageaient le développement de leur exploitation. Les travaux s’étalèrent de 1975 à 1978.

 

   Le remembrement effectué, un nouvel organisme prit la suite des commissions : l’association foncière. Composée de propriétaires fonciers, son bureau représentatif  avait  pour mission de faire effectuer les travaux annexes : chemins d’accès, fossés d’assainissement et  entretien.

  Le conseil municipal sollicita auprès du Génie Rural le concours d’un technicien pour la construction des chemins ruraux..  

  L’association foncière fut mise en place à la fin des travaux en  janvier 1978.  

  Durant de longues années, les propriétaires fonciers durent s’acquitter d’une taxe de remembrement pour financer les travaux.

BILAN

 

 Ce remembrement améliora considérablement les conditions de travail des agriculteurs et favorisa la productivité. Mais sa mise en oeuvre  ne se fit pas sans heurts. Elle suscita de vives oppositions et créa de nombreux conflits entre propriétaires fonciers. Certaines décisions ont laissé des traces indélébiles dans quelques familles.

 

 Bien que jugé indispensable pour le développement de notre agriculture, le remembrement se fit souvent au détriment de la nature. La destruction des haies, des talus,  des chemins creux, modifia profondément l’équilibre écologique des campagnes.

 

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