le monument aux morts de carentoir

la décision

   La grande guerre emporta dans sa tourmente meurtrière un grand nombre de Carentoriens. Sur le monument aux Morts 174 noms sont inscrits. Une plaque se trouve aussi dans l’église du Temple sur laquelle sont inscrits les noms des soldats de la Paroisse du Temple morts pour la France.

   Le conseil municipal dès 1919 évoqua le projet de réaliser un Monument aux Morts à la mémoire des Carentoriens morts pour la France. Dans sa séance du 23 mars 1919, le Maire de l’époque, M de la Bourdonnaye prononça un discours lors de l’ouverture de la séance du conseil de ce 23 mars.

   Au cours de ce discours il évoqua la mémoire des disparus lors du conflit en particulier le décès de M Le Berh ancien maire. Il évoqua les souffrances endurées pas les soldats, remercia M Moïse qui a fait fonction de maire durant l’absence de M de la Bourdonnaye.

   Au cours de son discours il dit : « Le jour n’est pas éloigné, je l’espère où nous pourrons leur élever un monument où seront inscrits en lettres d’or les noms de tous ces héros ».

   C’est le lancement du projet d’érection d’un monument aux morts à Carentoir. En même temps, le conseil décide d’aménager un perron d’accès à l’église qui n’était terminée que depuis une trentaine d’années.

les trophées

   Le maire sollicite que l’on attribue à la commune des trophées de guerre 

« …des trophées dont la vue rappellera à ses défenseurs leurs jours d’épreuves et de gloire tout en ravissant (je pense qu’ils ont voulu mettre ravivant) dans leurs cœurs les sentiments patriotiques aux familles éprouvées le pieux souvenir de leurs morts et de disparus et fixera dans l’âme des enfants, cette histoire d’une période tragique où leurs pères ont donné les plus beaux exemples de toutes les …. ».

« les pièces intéressantes telles que le canon qui sont au parc d’artillerie de Laon… ».

   Finalement devant le coût de l’acheminement de Laon à carentoir (par le train), le conseil dans une nouvelle délibération où le conseil décide de :

« demander seulement un canon de campagne ainsi que les 5 fusils, 5 baïonnettes, 3 sabres et deux casques. »

les INSCRIPTIONS

   Sur le monument sont inscrits AUX MORTS POUR LA PATRIE du côté Sud avec en dessous une couronne sculptée PAX 1914-1918.

   Au sommet du monument une médaille militaire est sculptée.

  Enfin sur trois faces sont inscrits les noms des Carentoriens Morts pour la France.

   Sur une des faces une urne contenant de la terre de Verdun a été installée.

la réalisation

   Pour permettre de financer le projet, une subvention fut demandée au Conseil Général et une souscription fut lancée auprès des habitants. Celle-ci obtint un très grand succès. Quelle famille de carentoir n’avait pas été touchée de près ou de loin par la perte d’un frère, d’un mari, d’un père ? Chacun donna selon ses moyens.

   Un dessin en perspective a été réalisé par l’architecte qui intègre le perron et la sortie de l’église il date de décembre 1919.

   Le monument a la forme d’un obélisque comme un grand nombre de monuments aux morts réalisés à cette époque.

   L’architecte qui a été retenu était M LIBERGE, architecte à Nantes. Il a été réalisé par M RIVIERE de Nantes et de M JOUVENCE de La Gacilly. 

   L’obélisque est en pierre de CHAUVIGNY d’un seul bloc avec une base en granit.

   Les plans ont été présentés en novembre 1920 et ont été acceptés par le Préfet en février 1921.

le plan

lES INVITés à l'inauguration

   De nombreuses personnalités étaient invitées à cette inauguration qui était pour la commune un moment fort et certainement un moment de communion entre tous les habitants.

    Qui était invité ? 

   l’Evêque qui célébrait et a béni le monument, le Préfet, les Maires des communes environnantes, le Conseiller général, les députés des circonscriptions, les anciens combattants, les représentants de l’armée, le camp de Coëtquidan n’étant pas loin, les conseillers municipaux et tous les habitants de la commune. L’église était assez grande pour accueillir un nombre très important de fidèles.

l'inauguration

    Elle eut lieu le Dimanche 22 Octobre 1922. Le programme était le suivant :

      9 h réception des autorités à la Mairie

      9 h 30 Cérémonie religieuse sous la Présidence de l’Evêque de Vannes Mgr Gouraud

    10 h 30 Défilé devant le monument et inauguration après la bénédiction. A l’issue un vin d’honneur fut servi.

     12 h 30 Banquet de plus de 100 personnes.

   Durant l’inauguration un avion passa au-dessus de l’assemblée et une pluie de fleurs s’abattit sur le monument.

les traces dans la presse de l'époque

   La presse de l’époque relata cet évènement. Durant la cérémonie, le nom de chaque Carentorien mort pout le France fut appelé et à cet appel fut répondu « Mort pour la France ».

   Ce qui est à remarquer dans les articles écrits à cette occasion c’est le style des commentaires, style « grandiloquent » plein de termes qui ont complètement disparu du vocabulaire journalistique actuel. C’était une autre époque.

A retenir quelques passages de ces articles.

«  Mg l’Evêque de Vannes qui s’est arraché aujourd’hui à son dur labeur eux préoccupations de son si zélé ministère… »

« … M de la Bourdonnaye, maire incomparable, les élus du Département, celui du canton, le dévoué et sympathique conseiller général… »

« …un long cortège se forme. Il est composé des enfants des écoles, de groupes gracieux de fillettes portant des palmes et des  bouquets, des mutilés, des anciens combattants, des orphelins et veuves de guerre, du patronage, des autorités, du clergé. »

« Sa grandeur, Mgr Gouraud………prend la parole, comme celle-ci sort de son cœur de pasteur et de père, elle trouve un écho ému dans celui de tous les assistants… »

« M le Comte J. de Gouyon, conseiller Général, émeut profondément l’assistance en évoquant un souvenir personnel. C’était le 11 novembre 1918……..les cloches réveillées dans les clochers, se renvoyaient l’écho de la bonne nouvelle par-dessus les côteaux et les vallées, il suivait un sentier rocailleux tapissé de bruyère et gravissant rapidement un monticule……..il aperçoit dans la solitude de la campagne, une femme à genoux qui pleurait et qui priait : la nouvelle joyeuse ……..la comblait de joie. Un de ses fils allait revenir. Mais deux autres avaient été tuées….Ah ! L’atroce guerre où, même au milieu de la joie, vient se mêler l’amertume des regrets inconsolables ! »

Voir les Carentoriens morts pour la France.