le manoir de la chouannière

   On y accède en prenant la route de Bruc sur Aff. Une longue avenue nous y amène.
  Le premier bâtiment à droite est un appentis qui abritait autrefois la calèche des propriétaires. Le bâtiment est très simple mais le pignon arrière est protégé par des Essentes de châtaignier assemblées comme des ardoises.
  A suivre, on trouve une chapelle à 8 pans surmontée d’un clocheton. Cette chapelle est datée de 1724

  A l’intérieur, le plafond est composé d’une charpente cintrée. Les 8 pans des murs symbolisent la résurrection (La fin et le recommencement).
   Elle a été rénovée par M. Joseph Orhand dans les années 2000.

    

   Autrefois nommé « Chohannière », le lieu doit son nom au blason orné de chats-huants du premier propriétaire connu du lieu, Jean Peschart, chevalier conseiller au parlement de Bretagne, vers 1430.
   A l’origine, la propriété comprend les bâtiments, un bois, une écluse et des pêcheries sur l’Aff. Par mariage, elle passe aux Hudelor vers 1550, puis aux Ruellan. En 1639, elle est achetée par Guillaume de Marnière, commandant de marine à Brest. En 1786, c’est René-Ange Constant de Marnière qui en hérite. Il fait lui aussi carrière dans la marine et sera capitaine de vaisseau du Roi à Brest. Lui succéderont, par mariage, la famille de Lorgeril, puis les de Cintré.
   La Chouannière est laissée à l’abandon dans la dernière partie du 20ème siècle. Elle est rachetée par Joseph Orhand en 1991, un agriculteur qui en louait les terres. C’est lui qui rénovera le manoir et la chapelle dans les années qui suivront.

  La partie la plus à l’ouest de la longère est un corps de logis composé de deux bâtiments accolés : une plus ancienne datant du 16ème siècle et une autre du 17ème-18ème.
  Sur la façade de la partie la plus ancienne, on voit les traces d’une large porte en plein cintre qui a été comblée. Au-dessus à gauche, une autre porte a aussi été rebouchée et devait mener à la salle haute. L’accès devait se faire par une échelle ou un escalier extérieur amovible. On entre dans le bâtiment par une porte à meneau qui s’ouvre sur la cuisine.

   Le rez de chaussée se divise en deux parties :
  D’abord, une large salle avec un sol pavé de galets (chose assez rare en Bretagne), une grande cheminée de schiste bleu bien ouvragée avec deux corbeaux sculptés. Le manteau avait dû être orné de 3 écus ou emblèmes qui ont été martelés. Au fond, près d’une étroite fenêtre à coussiège, on trouvait un fourneau en pierre, avec une dalle de schiste moulurée et percée de deux orifices permettant de recevoir une grille de cuisson.
  Dans la salle suivante, plus réduite, on peut voir une petite cheminée avec un linteau de schiste recouvert de rosaces à six branches ou avec une croix centrale et des pommes de pins.

  A l’étage, on trouve un vaste grenier avec une vieille charpente à voûtement en tiers point. L’entrait est orné de trois marques de compagnons : une roue solaire, une rosace à six branches et une croix palmée tronquée en décorent le centre.

   La partie centrale du logis est plus récente et imposante. Elle est flanquée à l’arrière de deux tours à base carrée. La plus imposante des deux abrite un large escalier en bois massif desservant les trois étages. A la base de cette tour, on peut voir le début d’un souterrain. L’entrée a été bouchée, mais on retrouve des traces de celui-ci à l’extérieur du bâtiment. La légende locale dit que ce souterrain irait de la Chouannière au manoir de Bois Orhant à Bruc sur Aff et qu’il passerait sous la rivière. En fait, il se prolonge d’une cinquantaine de mètres derrière le château et s’arrête au niveau d’un mur débouchant sur un chemin creux. Ce souterrain est creusé à environ un mètre de profondeur. Deux murets écartés de 50 centimètres soutiennent un plafonnement de larges dalles de schiste. On ne pouvait pas s’y déplacer debout. Les dalles recouvertes de terre, le souterrain est indécelable. Il devait permettre de s’enfuir ou de prendre à revers d’éventuels agresseurs. Il a peut-être été construit dans la période d’insécurité des guerres de religion.

  La partie avant de ce logis est plus récente et a été remaniée entre le 18ème et le 19 ème siècle pour laisser place à de grandes ouvertures. Deux lucarnes à fronton triangulaire ornent la toiture. Elles sont en tuffeau.

 

  Pendant la révolution, la famille de Marnière ayant émigré, le manoir est occupé par leur ancien régisseur, l’agent national Leblanc. Il y stocke du blé et des armes. Le 2 mai 1795, Constant Cadio, à la tête de 25 chouans, attaque la Chouannière et s’empare du grain entreposé ainsi que d’un canon.
   On dit qu’une des marches de l’escalier se serait écroulée pendant l’attaque.