la révolution à carentoir

 

LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION

 

   De 1788 à 1792, La Révolution est accueillie favorablement dans notre commune. Dès 1790, des patrouilles patriotiques se forment à la Gacilly puis plus timidement  à Carentoir. Issues du peuple, elles seront souvent à l’origine d’exactions et de pillages dans les châteaux de la région. Les titres nobiliaires et autres  paperasseries sont particulièrement recherchés pour être détruits. A Carentoir, le château de la Bourdonnaye est attaqué et pillé.

   Une partie de la bourgeoisie va rallier la Révolution. Il s’agit souvent d’hommes de loi, de notables, de commerçants, de petits bourgeois qui renient la Monarchie qui les a pourtant bien enrichis. A Carentoir, on peut citer Jean-Marie Leblanc, juge de paix de Carentoir, Seguin ex procureur du Marquisat de la Bourdonnaye et bien d’autres moins connus.

  Début avril 1789, le Général de la paroisse se réunit dans la sacristie afin de rédiger les cahiers de doléances. Y participent le curé doyen, Gobrien le Cerf et un certain nombre de personnes issues de la bourgeoisie locale. Malheureusement, les petites gens des campagnes ont du mal à se faire entendre car souvent ils ne savent ni lire ni écrire. Parmi les signataires, on retrouve des noms encore familiers de nos jours à Carentoir : Bellamy, Orhand, Cheval, Coyac …

   Différents titres sont donnés à ces cahiers. Carentoir intitule le sien » cahier de doléances, plaintes et remontrances. »

  Septembre 1789, le conseil de paroisse augmenté d’un grand nombre de citoyens et notables actifs (en tout 44 votants) choisit comme Maire le sieur Hoéo-Boigestin, connu pour ses idées révolutionnaires.

les signataires des cahiers de doléances

DES DÉCRETS MAL ACCEPTÉS

 

   La Révolution aurait pu se dérouler sans incident notoire mais malheureusement le gouvernement révolutionnaire va promulguer un certain nombre de décrets qui vont contribuer au mécontentement de la population rurale.

  27 novembre 1790, un décret rendu par l’Assemblée Nationale met en demeure tous les ecclésiastiques de prêter serment à la nouvelle constitution civile du Clergé .

   A Carentoir, 11 prêtres sur 12 refusent de faire allégeance. Sur le canton, seul le prêtre Rubault, en poste à la Gacilly, est le seul assermenté.

   Le curé doyen de Carentoir, Gobrien Le Cerf ne veut  pas abandonner ses paroissiens. Il reste dans la paroisse jusqu’en 1792. A partir de cette date, il entre dans la clandestinité et se cache chez les paroissiens. Malheureusement, sans doute sur dénonciation, il est arrêté et emprisonné à Vannes..

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   En mars 1792, les biens de l’Eglise sont confisqués  et vendus comme biens nationaux : ordre est donné d’enlever des églises tous les ornements et objets de culte tels que croix, calices… Outrés, les fidèles prennent le parti du clergé et s’organisent pour éviter les saisies. De nombreux prêtres sont arrêtés, très souvent suite à des dénonciations. Les autres  vivent dans la clandestinité et se cachent dans la campagne. Ils bénéficient de l’aide de la population locale et profitent des nombreuses cachettes bien dissimulées comme à Maupas, Brangolo, l’Hôtel Portier, Tréhandin …

   Le 25 février 1793, la conscription est rendue obligatoire. La plupart des jeunes refusent de s’enrôler dans l’armée républicaine. Pourchassés, ils doivent vivre dans la clandestinité. A Carentoir 14 d’entre eux sont arrêtés et emprisonnés sous la garde d’Hoéo-Boigestin. Dans la nuit des chouans dirigés par Montméjean viennent les libérer. Plusieurs rejoignent les chouans.

 

LA CHOUANNERIE

 

   Toutes ces mesures vexatoires et injustes provoquent la colère de la population rurale. Une partie de la noblesse, le clergé et les paysans comprennent qu’ils ont été bernés. C’est le début de la Chouannerie.

   Léopold de Cacqueray, gentilhomme manceau de 22 ans en prend le commandement  et établit son quartier général au château de la Bourdonnaye. Plusieurs Carentoriens, dont Pierre Chevalier et le chevalier de Montméjean, viennent le seconder. Ce dernier n’est pas né dans la région  mais il est marié avec Anne-Gaëlle le Roy de la Danais.

   Pour financer leurs actions  et désorganiser l’administration du gouvernement révolutionnaire, les Chouans  transforment l’une des tours en atelier de fausse monnaie.

Tour du château de la Bourdonnaye

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   Le 16 mars 1793, les Chouans mettent à sac  Rochefort en terre chef-lieu de district et fief des bleus. Une soixantaine de personnes de Carentoir y participent sous les ordres du chevalier de Montméjean et de Pierre Chevalier. Du côté des Bleus, sont présents à Rochefort, Hoéo-Boigestin et Jean-Marie Hurel de Serre.

   Suite à ce coup d’éclat, la tête du Chevalier de Montméjean est mise à prix. Il est arrêté l’été 1793 et guillotiné quelques jours plus tard. Ses terres et sa maison  de la Danais considérées  comme biens nationaux sont vendues. Le prêtre Rubault de la Gacilly en fait l’acquisition.

   Mai 1794, le chouan Pierre Chevalier, traqué de toute part, est arrêté. Condamné à mort, il est guillotiné sur la place de Carentoir.

   En 1795, Léopold de Cacqueray est tué lors d’un accrochage avec les bleus, sans doute victime d’une trahison.

   Par la suite, Louis Sol De Grisolles prend le commandement des Chouans  et poursuit la guerre de harcèlement. Les années qui suivent sont une succession de conflits ininterrompus entre les Bleus et les Chouans.

  Après toutes ces années sombres, vers 1800, la situation va enfin se stabiliser. La Chouannerie va s’essouffler et disparaître.