LA PETITE BOUTIQUE DE SAINT JACQUES

   De nombreux habitants du quartier de St Jacques et des villages environnants se souviennent avec un peu de nostalgie de la petite épicerie tenue par la famille Ollivier. Sa simple évocation réveille en eux des anecdotes, des odeurs d’antan si particulières, des parfums entremêlés.

 

Les débuts de l’épicerie

  Elle fut construite en 1907 par Pierre Brien, entrepreneur demeurant à la Croix Elven, commune de la Gacilly, à la demande de Jean-Marie Ollivier et de son épouse Jeanne-Marie Poirier, demeurant à Coët-Morel. Cette maison située en pleine campagne servait à la fois de maison d’habitation et de commerce.

   Appelée « la petite boutique » ou encore « la petite épicerie », on y entrait  par le pignon donnant sur la route allant du Palis Percé au bourg de Carentoir. A l’opposé se trouvait une pièce avec une cheminée ; elle servait de cuisine, de salle à manger et abritait aussi plusieurs lits pour coucher la famille. Entre les deux, un escalier permettait d’accéder au grenier.

   Tandis que Jean-Marie Ollivier continuait son métier de cultivateur, son épouse s’occupait du commerce.

    En 1923, âgé de 14 ans, leur fils Joseph commence à travailler à l’épicerie. Il débute ses tournées à cheval sur les communes de la Gacilly, Carentoir, Tréal, la Chapelle-Gaceline, Monteneuf et St Martin sur Oust.

     A l’obtention du permis de conduire en 1929, il s’achète une camionnette B14 pour le transport des marchandises.

Joseph Ollivier devant son ancienne épicerie

   

Les années noires

 

   Mais arrive le 3 septembre 1939. Joseph Ollivier est mobilisé. De retour à St Jacques  en octobre 1940, Il n’y retrouve pas sa camionnette ; celle-ci a été réquisitionnée pour les besoins de la guerre. Pour continuer ses activités et approvisionner la population locale, il fabrique alors une remorque qu’il tracte avec son vélo ; cela lui permet  de se rendre à Rochefort en Terre et à Questembert pour aller chercher la marchandise.

   Un peu plus tard, par l’intermédiaire d’Alfred Houguet du village de Clazeul en Carentoir, il obtient un cheval attelé d’une remorque.

   En 1942, cinq cent quarante-quatre ménages n’avaient pas d’électricité à Carentoir. Il fallait donc se rendre à Rochefort en Terre pour se procurer du pétrole en échange de bons d’approvisionnement qu’il fallait aller chercher à la préfecture puis ensuite à la mairie.

   Déjà avant la guerre, Joseph Ollivier collectait du beurre et des oeufs lors de ses tournées mais quelques clients les  apportaient directement à l’épicerie. Ces denrées étaient ensuite expédiées. A la fin de l’année 1942, il obtient le droit de posséder une carte de distribution d’oeufs pour le ravitaillement.

   Puis enfin une voiture ! Possédant un permis de circuler, ses tournées sont facilitées et lui permettent, pendant les années noires, d’alimenter en sel la région ; sel qu’il allait chercher sur la côte à Guérande à raison d’une tonne par tournée.

     

   Le reste de l’approvisionnement se fait  chez Albert Chenevière, grossiste à Rochefort en Terre. Ce dernier fournit les bons que Joseph Olivier et son épouse Geneviève mettaient des nuits entières à coller sur les registres.

   Les marchandises étaient ensuite stockées en vrac et mises en sachets. Le café reçu vert  était torréfié dans une boule et mis en sachets à la demande des clients. Le poivre était également moulu et ensaché.

Joseph et Geneviève Ollivier

L’évolution de l’épicerie

  Les années passant, le choix des marchandises s’améliore : en plus de la morue salée et des harengs saurs, on y trouve sardines à l’huile, maquereaux en boîtes de conserve, orge vendue en sachets préparés par les fournisseurs, chaussons pour les bottes, tissu au mètre pour les blouses… etc

   Puis les deux enfants Ollivier viennent s’investir dans le commerce. Vers 1965, la maison Ollivier se met à vendre aussi des cuisinières, des télévisions, du petit et gros électro-ménager.

     

Joseph Ollivier devant la supérette

   En 1970, les époux Ollivier décident de faire construire une supérette de l’autre côté de la route. On y trouve un peu de tout : épicerie en général, vêtements et sous-vêtements, chaussettes, bas, chaussons, pulls, mercerie,  vin, un dépôt de bouteilles de gaz, de la vaisselle, des cadeaux. En plus, la maison Ollivier fait la location de vaisselle et tables pour les mariages et autres occasions.

    

   Ensuite, le fils Ollivier part s’installer à la Gacilly. La supérette est tenue alors par sa soeur jusqu’en 1977.

   Ainsi prend fin l’existence d’une « petite boutique » de campagne devenue supérette grâce au travail acharné de ses propriétaires. Elle rendit bien des services à la population locale.