La fabrication du cidre

   Pendant longtemps en Bretagne, le cidre a été la boisson la plus consommée. Avant que les terres ne soient remembrées, la moindre parcelle de terre contenait plusieurs pommiers. La fabrication du cidre était donc un moment fort dans la vie de la ferme. Celle-ci se déroulait en plusieurs étapes.

Le choix des pommes

   Pour faire un cidre équilibré qui se conserve bien, il fallait utiliser au moins trois variétés de pommes :

– des pommes douces, riches en sucre à l’origine de la saveur sucrée et de la teneur en alcool.  

– des pommes amères qui contiennent beaucoup de tanin et facilitent la clarification et la conservation.

– des pommes acides qui donnent au cidre une certaine fraîcheur et l’empêche de noircir.

  Parmi les variétés de pommes utilisées dans notre commune on peut citer : le doux d’apili, la quenin, la locard, la bédange, la reinette d’anjou, la pomme de moi…

 

La récolte

   Elle avait lieu, suivant la variété des pommes, en octobre, novembre. Muni d’une longue perche, on secouait les branches pour faire tomber les pommes arrivées à maturité. Ensuite venait le ramassage. Toute la famille était mise à contribution, même les enfants. C’était un travail fastidieux et parfois pénible, surtout lorsque les pommes étaient petites et perdues dans l’herbe humide et gelée. Les pommes réservées pour la fabrication du cidre étaient mises en tas et le surplus était vendu; ce qui apportait un revenu complémentaire non négligeable pour le fermier.

 

Le broyage

   Dans un premier temps, ce travail a été effectué par un moulin activé manuellement à l’aide de deux volants placés de chaque côté. Plus tard, un manège directement lié au moulin et entraîné par un cheval a simplifié le travail. Puis, dans les années 50, 60, le moteur a pris le relais et s’est généralisé.

   A l’aide d’une pelle adéquate, les pommes étaient envoyées dans la trémie du moulin. Le marc (les pommes broyées) ressortait dans un cuveau en bois.

 

La préparation de la motte

    On disposait le marc sur la table du pressoir en couches successives de 8 à 10 cm  séparées par de la paille de blé. Pour faire une motte régulière et bien égaliser le broyage, on se servait d’un cadre en bois. Une fois terminé, on disposait des planches sur le dessus de la motte et on les recouvrait de madriers.

Le pressurage   

    Quand tout était mis en place on descendait le chapeau (mouton) et à l’aide de la presse à cliquet on serrait deux ou trois fois. Le jus commençait à suinter et à s’écouler tranquillement dans une cuve. La motte se tassait progressivement. Le lendemain et les jours suivants, on serrait à nouveau à l’aide d’une barre de fer. Une fois le marc complètement tassé, on desserrait la vis à cliquet et l’on enlevait les madriers. Puis à l’aide d’un coupe marc, on tranchait le bord de la motte. Le surplus était remis dessus et on replaçait le dispositif de serrage pour extraire le dernier jus. 

 

Le nettoyage des barriques et des fûts

   Pour nettoyer les barriques et les fûts, on utilisait de la cendre avec de l’eau bouillante. On recommençait l’opération plusieurs fois. Pour terminer, on utilisait des mèches de souffre accrochées à un fil de fer que l’on faisait brûler dans les tonneaux bien fermés pour les assainir.

 

La mise en  barriques  et le  soutirage

   Dès la sortie du pressoir, le jus était déversé dans les barriques à l’aide d’un entonnoir. On attendait une dizaine de jours pour le premier soutirage, non sans avoir pris soin de regarder la position de la lune. L’opération consistait à transvaser le cidre dans une autre barrique et à mettre la lie (dépôt) de côté. Cette lie était parfois gardée pour faire de l’eau de vie. On soutirait au moins trois fois.

   La majeure partie du cidre était utilisée directement à la clé mais on réservait souvent un certain nombre de bouteilles de cidre bouché que l’on servait pour les grandes occasions : boudins, mariage, communion…