la communion solennelle

La communion solennelle en 1959

   Après la fête des Rameaux, précédant Pâques puis l’Ascension et la Pentecôte, arrivait la Trinité. Pendant des décennies, ce dimanche fut dédié à la communion solennelle dans la paroisse de Carentoir.

     Revenons dans les années 60 !

L’examen de catéchisme

   Quand on se rapprochait du grand jour, avait lieu l’examen de catéchisme.

   Ce petit livre, présent sur le pupitre des écoliers depuis qu’ils maîtrisaient la lecture, se devait d’être parfaitement appris, avant de prétendre à faire sa « communion ».

   L’école, au cours des différentes classes, avait longuement préparé les élèves à l’exercice ! L’examen de catéchisme, dont était en charge un prêtre de la paroisse, était toujours redouté…tant par les futurs communiants que par les parents de ces derniers.

  Les résultats étaient comme à l’école, différents d’un élève à l’autre…et démontraient des premiers et des derniers du classement. Les quelques élèves de l’école publique ne pouvaient figurer au rang des meilleurs, leur instruction religieuse, assurée par un prêtre, dans la salle paroissiale, se limitait à quelques heures par mois.

Obtenir la meilleure note était un challenge…

   Un temps fut, le garçon et la fille qui se distinguaient dans le classement, en obtenant la meilleure note, avaient en récompense de se trouver en tête dans les rangs de communiants à l’église ainsi que dans les processions d’entrée puis autour du bourg. La même règle suivait pour les autres mettant les derniers en fin de cortège. 

   Cette triste pratique, n’arrangeait pas non plus l’harmonie des cortèges …les enfants n’étant pas obligatoirement de même taille.

   De plus, dans certaines paroisses, le père du « lauréat » avait aussi « le privilège » de porter la croix en tête de la procession…ce qui n’était pas du goût de tous les pères de famille !

  Peu à peu, fort heureusement, ces pratiques de classement disparurent !

 

La retraite de communion

   Pour les futurs communiants, quelques jours de retraite précédaient l’évènement, afin qu’ils s’y préparent dans le recueillement mais également pour mettre au point le protocole de la cérémonie du dimanche !

 

  Le grand jour, sa grand’messe et sa procession 

   Quand arrivait le dimanche de la Trinité, les cloches de l’église St Marcoul, lançaient à toute volée, leur joyeux carillon des jours de grandes fêtes.

Notre bourg s’animait, voyant arriver en grande pompe, les familles des communiants accompagnées d’oncles, tantes, cousins et cousines, invités pour la circonstance !

  Comme on disait chez nous : « Y avait du monde dans l’bourg ce jour-là ! »

  La grand’messe solennelle, (toujours émouvante pour les familles) était centrée sur l’engagement des enfants et magnifiée par la longue procession des communiants et de toute l’assistance, autour du centre bourg ! Certains invités s’en dispensaient et se massaient aux quatre coins de notre place pour la suivre en spectateurs !

   Les filles ouvraient la procession, partagées en deux groupes et marchant de chaque côté des rues ! Le protocole était le même pour les garçons à la suite des filles. Au milieu des rangs, un prêtre, généralement celui qui avait accompagné les futurs communiants lors de leur retraite, entonnait les cantiques, tout en surveillant la bonne marche de ses jeunes ouailles. Suivaient dans un ordre bien établi, les enfants de chœur, les enfants des écoles, le groupe des femmes et enfin le groupe des hommes. Les jours de communion, le clergé était largement représenté, marchant au centre, encadré par les enfants de chœur.   

 

La tenue de circonstance

   Les communiantes, étaient plus apprêtées que les communiants ! Celles-ci portaient la longue robe blanche en fine étoffe brodée à la main, dont la ceinture était agrémentée d’une petite aumônière assortie à la robe. Elles étaient coiffées d’un joli diadème blanc d’où partait un long voile assorti. Pour assurer que cet ensemble soit bien maintenu, deux petits liens de ruban blanc partaient du diadème et étaient noués sous la gorge.

    Le tout transformait nos fillettes de 12 ans, telles de jeunes nonnes, le jour de leurs vœux !

(Très souvent, les robes de communiantes se transmettaient dans les familles ou s’empruntaient à des voisines ou autres parentes.)

   Quant aux communiants, la tenue de rigueur se voulait beaucoup plus sobre ! La plupart d’entre eux étrennaient leur premier costume sur chemise, cravate, pochette et gants blancs.

   Le brassard également blanc, ce large nœud de tissu soyeux, fixé sur l’avant-bras gauche et dont les pans tombaient au-dessous du coude, complétait obligatoirement la tenue.

(Un premier costume se faisait sur mesure chez le tailleur de Carentoir et les modistes fournissaient brassards et autres accessoires)

   Durant le parcours de procession, garçons et filles tenaient d’une main un grand cierge enrubanné et de l’autre, le missel flambant neuf et le chapelet. Ces deux objets pieux étaient fréquemment offerts par les proches, pour l’occasion.

 Nos religieuses, recommandaient aux communiantes de laisser dans leurs écrins, le jour de la cérémonie, montre, chaîne et médaille qu’elles recevraient en cadeau. Ces nouveautés, disaient-elles, les distrairaient obligatoirement durant les offices. Hélas, la tentation était forte et le jour venu, ce conseil n’était guère suivi d’effet !

 

(Les aubes, que revêtent aujourd’hui les communiants, ne se sont généralisées qu’à partir du milieu des années 60 dans nos contrées)

Préparatifs de la fête familiale

« On est de communion cette année ! » entendait-on souvent !

   La communion solennelle, depuis des lustres, se fête aussi en famille !

   Dans ces années 60, on réunissait de grandes tablées ce jour-là ! Très longtemps à l’avance, les maîtresses de maison recrutaient une bonne cuisinière, de connaissance ou de renommée et sollicitaient voisins et voisines pour le service !

  Le repas au restaurant n’était pas fréquent et n’y recouraient à cette époque que quelques familles du bourg.

  Les mois précédents, étaient aussi l’occasion de faire quelques petits travaux d’entretien et d’embellissement de la maison, en vue de la réception !

  Il fallait également prévoir la « tenue vestimentaire de circonstance » pour chaque membre de la maisonnée ! Cette période garantissait de l’ouvrage à nos couturières !

Après la messe, séance photos !

   A la sortie de la cérémonie en fin de matinée, il ne fallait pas trop s’attarder sur le parvis ! Jean-Baptiste Thierry, le photographe de La Gacilly, s’installait chez Louise et Julien Bayon au bas de la place ! Une installation sommaire et provisoire, faisait office de studio. Chaque communiant posait alors pour la traditionnelle photo.

 

Les repas de communion entrecoupés par les Vêpres

   On se hâtait ensuite vers la maison car la cuisinière attendait, les serveurs avaient dressé les tables, garni les vases de fleurs blanches, mis en évidence le menu (tapé chez l’imprimeur ainsi que les images pieuses) devant chaque convive.

   Ce déjeuner de fête ne devait pas prendre du retard car au milieu de l’après-midi,  les cloches tinteraient encore pour rappeler l’assistance du matin, aux Vêpres cette fois. On repartait donc pour l’église, souvent dans la précipitation mais…sans certains invités masculins, qui après un bon repas, renonçaient à aller chanter le Magnificat !

   Au cours des années 70, les Vêpres furent supprimées du programme de la communion solennelle, à la grande satisfaction des familles, il ne faut pas le cacher !

   Le soir, on refaisait bombance avant le départ des invités !

 

Le lendemain de communion

  Le lendemain, c’était disait-on « le retour de communion ».

  Les communiants avaient congé ce lundi !

  On offrait à déjeuner à la cuisinière et aux gens qui s’étaient dévoués au service, la veille. En fin de repas, se joignaient à eux, autres voisins et amis pour « le café de communion ». Ces invités du second jour, arrivaient aussi avec petit cadeau ou petit billet de circonstance.

   

La communion passée, s’ouvrait la porte de l’adolescence…

 

    Les communiants étaient heureux… Leur retraite de trois jours, avait suscité la prise de grandes résolutions pour continuer à suivre le « bon chemin » ; celui qui allait aussi les conduire vers la grande classe de l’école primaire ou à l’entrée au pensionnat, généralement fixée à 12 ans, en ces années 60.