La tenue de circonstance
Les communiantes, étaient plus apprêtées que les communiants ! Celles-ci portaient la longue robe blanche en fine étoffe brodée à la main, dont la ceinture était agrémentée d’une petite aumônière assortie à la robe. Elles étaient coiffées d’un joli diadème blanc d’où partait un long voile assorti. Pour assurer que cet ensemble soit bien maintenu, deux petits liens de ruban blanc partaient du diadème et étaient noués sous la gorge.
Le tout transformait nos fillettes de 12 ans, telles de jeunes nonnes, le jour de leurs vœux !
(Très souvent, les robes de communiantes se transmettaient dans les familles ou s’empruntaient à des voisines ou autres parentes.)
Quant aux communiants, la tenue de rigueur se voulait beaucoup plus sobre ! La plupart d’entre eux étrennaient leur premier costume sur chemise, cravate, pochette et gants blancs.
Le brassard également blanc, ce large nœud de tissu soyeux, fixé sur l’avant-bras gauche et dont les pans tombaient au-dessous du coude, complétait obligatoirement la tenue.
(Un premier costume se faisait sur mesure chez le tailleur de Carentoir et les modistes fournissaient brassards et autres accessoires)
Durant le parcours de procession, garçons et filles tenaient d’une main un grand cierge enrubanné et de l’autre, le missel flambant neuf et le chapelet. Ces deux objets pieux étaient fréquemment offerts par les proches, pour l’occasion.
Nos religieuses, recommandaient aux communiantes de laisser dans leurs écrins, le jour de la cérémonie, montre, chaîne et médaille qu’elles recevraient en cadeau. Ces nouveautés, disaient-elles, les distrairaient obligatoirement durant les offices. Hélas, la tentation était forte et le jour venu, ce conseil n’était guère suivi d’effet !
(Les aubes, que revêtent aujourd’hui les communiants, ne se sont généralisées qu’à partir du milieu des années 60 dans nos contrées)
Préparatifs de la fête familiale
« On est de communion cette année ! » entendait-on souvent !
La communion solennelle, depuis des lustres, se fête aussi en famille !
Dans ces années 60, on réunissait de grandes tablées ce jour-là ! Très longtemps à l’avance, les maîtresses de maison recrutaient une bonne cuisinière, de connaissance ou de renommée et sollicitaient voisins et voisines pour le service !
Le repas au restaurant n’était pas fréquent et n’y recouraient à cette époque que quelques familles du bourg.
Les mois précédents, étaient aussi l’occasion de faire quelques petits travaux d’entretien et d’embellissement de la maison, en vue de la réception !
Il fallait également prévoir la « tenue vestimentaire de circonstance » pour chaque membre de la maisonnée ! Cette période garantissait de l’ouvrage à nos couturières !
Après la messe, séance photos !
A la sortie de la cérémonie en fin de matinée, il ne fallait pas trop s’attarder sur le parvis ! Jean-Baptiste Thierry, le photographe de La Gacilly, s’installait chez Louise et Julien Bayon au bas de la place ! Une installation sommaire et provisoire, faisait office de studio. Chaque communiant posait alors pour la traditionnelle photo.
Les repas de communion entrecoupés par les Vêpres
On se hâtait ensuite vers la maison car la cuisinière attendait, les serveurs avaient dressé les tables, garni les vases de fleurs blanches, mis en évidence le menu (tapé chez l’imprimeur ainsi que les images pieuses) devant chaque convive.
Ce déjeuner de fête ne devait pas prendre du retard car au milieu de l’après-midi, les cloches tinteraient encore pour rappeler l’assistance du matin, aux Vêpres cette fois. On repartait donc pour l’église, souvent dans la précipitation mais…sans certains invités masculins, qui après un bon repas, renonçaient à aller chanter le Magnificat !
Au cours des années 70, les Vêpres furent supprimées du programme de la communion solennelle, à la grande satisfaction des familles, il ne faut pas le cacher !
Le soir, on refaisait bombance avant le départ des invités !
Le lendemain de communion
Le lendemain, c’était disait-on « le retour de communion ».
Les communiants avaient congé ce lundi !
On offrait à déjeuner à la cuisinière et aux gens qui s’étaient dévoués au service, la veille. En fin de repas, se joignaient à eux, autres voisins et amis pour « le café de communion ». Ces invités du second jour, arrivaient aussi avec petit cadeau ou petit billet de circonstance.
La communion passée, s’ouvrait la porte de l’adolescence…
Les communiants étaient heureux… Leur retraite de trois jours, avait suscité la prise de grandes résolutions pour continuer à suivre le « bon chemin » ; celui qui allait aussi les conduire vers la grande classe de l’école primaire ou à l’entrée au pensionnat, généralement fixée à 12 ans, en ces années 60.