Marthe Jolivet, née Epaillard, avait 16 ans à l’époque et demeurait chez ses parents à la Lande David. « En arrivant dans le champ qui se trouvait derrière chez moi avec le troupeau de vaches, j’ai entendu le mitraillage d’avions qui tournoyaient dans le ciel. Malgré cela, je me suis assise et j’ai pris mon tricot. »
Cinq minutes plus tard, ma soeur (âgée de 9 ans) installée à côté de moi m’a dit : « Marthe, couche-toi, il y a des bombes qui tombent. » Je lui ai dit : « Tu es folle, les avions sont rendus sur Galny. » Ce qui était vrai d’ailleurs car les bombes dégringolaient en biais, touchant de ce fait notre village. Je suis restée assise, ne me rendant compte de rien. Quant à ma soeur, elle s’était couchée.
Une seconde plus tard, ma soeur m’a retrouvé ensevelie jusqu’au cou, la tête seule dépassant de terre. Elle m’a vite secourue, croyant toutefois que j’étais morte. Elle est allée chercher mon père qui lui aussi, avait été commotionnée par une bombe tombée près de l’écurie. Il est quand même arrivé aussi vite que possible.
Il m’a dégagée de terre et m’a ensuite roulée et frictionnée. C’est ainsi que j’ai vomi et repris connaissance. Entre deux personnes, je suis rentrée chez moi. Le toit de notre maison ayant été soufflé et l’intérieur détruit, j’ai été adossée à une échelle le long du mur extérieur. je suis restée calme, attendant le docteur Menant qui était au mariage de Julien Bayon et Louise Mousset au village de la Rosaie en Carentoir. Rapidement, le docteur est venu me consulter. Voyant que je ne me portais pas si mal, il est reparti là où l’on entendait crier.
Marthe Jolivet se souvient aussi d’un fait qui aurait pu connaître un dénouement dramatique : « Ma mère s’était rendue au four à pain à la Gélinaie. En revenant avec sa brouette de pains, elle s’est arrêtée pour discuter avec des gens de rencontre. La discussion portait sur les avions dans le ciel. Tout à coup des jeunes lui ont dit de se coucher, ce qu’elle fit aussitôt. Heureusement, car lorsqu’elle s’est relevée, sa brouette n’avait plus qu’un seul brancard. «